Que de conciliabules...
Le printemps se mourrait à petit feu, qui des marguerites, des pervenches, du muguet, se rapetissaient, s'en allaient retourner à leur sommeil hivernal avant de réapparaître au cycle de vie suivant... pigeons, tourterelles, mésanges bleues, charbonnières, rouge queues , rouges-gorges, chardonnerets élégants, que de belles rengaines loin des mélopées ternes du bruit de la ville et du temps qui passe...
Sur les sentes, le bruissement des feuilles éparses résonnait sous mes pas, l'horizon se muait de ses beaux parements du soir, les limbes se mariaient dans l'échancrure du ciel agonisant, le vent doucereux me murmurait ses quelques airs, il m'accompagnait vers ces destinations dont on ne revient jamais... où l'âme s'épanche encore aux quelques reflets évanescents d'une créature dont la chevelure s'entremêle aux filaments des rayons vespéraux...
L'auberge, celle d'où émanaient, toujours et encore, ces vers saturniens, s'illuminait du regard au jour tombant, les quelques ruelles aux pavés disjoints se perdaient à l'infini... le temps lentement dispensait, ici et ailleurs, ses dernières flèches, avant d'agoniser dans la poussière du silence...
Les manches relevées, l'écriture se faisait fluide, abondante telle cette source dispersant ses écrins de bienfait à la nature environnante, le poète s'extasiait, battait des ailes, grimaçait, parachevait l'existence et triturait sa moustache à maintes reprises, me toisait, j'étais cet autre qui revenait de ces lointaines contrées maudites, où l'absinthe ni la fiole, ni le chanvre n'avait encore disséminé leurs effluves passagères... les déliés et les arrondis des mots se mourraient sur le parchemin de vie, sur ce parchemin épousant les aspérités de cette table robuste, en chêne, vieille d'un autre âge, trop jeune pour s'enraciner dans les bas-fonds de ces endroits respirant encore les odeurs de cire, de terre et d'ondée...
La plume vagabondait avec allégresse, les ritournelles, les syntaxes, les voyelles dans les poches ne restaient, l'âpreté du combat se lisait dans les yeux de l'homme, il me dévisageait, me quémandait du regard et m'autorisait, ce qu'à aucun il ne permettait, déguster ensemble les mêmes mets, les mêmes odeurs du terroir, les mêmes rêves de vie...
Il était coruscant, je l'apprécie pour ses pamphlets, ses longues diatribes. Parfois l'exaltation l'emportait, par ricochet, ses longs bras aux manches bouffantes se perdaient dans le dédale du passé... Rethel a encore, dans son antre, les quelques épisodes gratifiants du phénomène. Cette odeur de rance, on la devine au coin de ces rues sinueuses, où les pas ne retombaient pas toujours du bon côté. Je l'aidais à surseoir à toutes ces envies nocturnes. Il retournait aux poèmes Saturniens. Ensemble, nous nous régalions à l'aune de l'écriture.
Que le temps n'efface en rien ces pas disséminés empreints de cette nostalgie, qu'il nous autorise toujours et encore à l'exaltation de l'azur du jour...
Au pays de Verlaine....( novembre 2019,sur la route Rimbaud-Verlaine)
JPierre
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